LE JADE (Yu en chinois)....dans tous ses états

Aux yeux des Occidentaux, le jade est une pierre semi précieuse. Mais aux yeux des Chinois c'est LA pierre parmi les plus précieuses.

Vous pouvez la caresser entre vos mains, elle restera de glace et elle est si dure qu’elle raye le verre et le quartz. D'un grain très fin, lisse et onctueuse au toucher, ses tons varient du crème au vert foncé en passant par plusieurs nuances de rouges et de bruns, suivant la proportion d'oxyde de fer, de chrome ou autre dont elle est composée.

Indifféremment portés par les femmes et les hommes, les bijoux, bracelets, colliers de larmes, bagues, pendentifs, boutons de manchette, épingles à cravate, chevalières et objets usuels étaient l'apanage des empereurs et autres grands dignitaires. Dans les temps anciens, vu sa dureté , travailler le jade rencontrait un problème majeur . Il arrivait à l'artisan de tourner autour de la pierre pendant des semaines et même des mois avant de la faire voler en éclats, car l'opération était extrêmement délicate. Aujourd'hui, des fraises à pointes de diamant facilitent ce travail.

Les bijoux se transmettaient et se transmettent encore religieusement de génération en génération car le véritable jade est excessivement cher. Un homme connu s' y est ruiné.

Issu de parents herboristes, Aw Boon Haw commercialisa le fameux « Baume du Tigre » qui assura sa fortune. Il fit alors construire, tout exprès à flanc de colline à Hong Kong, un « Pavillon de Jade » en marbre blanc pour y abriter dès la fin de sa vie des milliers de jades précieux – estimés peu ou prou à quelques centaines de millions de dollars-.

A sa mort en 1954, il ne lui restait que de quoi offrir un énorme banquet à plusieurs milliers de personnes.

Son rêve aurait sans doute été de posséder le magnifique boudha de jade blanc serti d ' émeraudes et d' agates , d'un mètre quatre vingt quinze et trois tonnes, qui, taillé dans un seul bloc et assis en lotus, occupe la chambre du premier étage du temple du « Boudha de Jade » à Shanghai. Boudha rapporté en 1182 de Birmanie. Eh, oui ! La Birmanie , car - et c' est un comble - la Chine si friande de jade en est totalement dépourvue.

Le jade, en effet, gît en Mandchourie, dans le Caucase, au Yucatan, au Brésil et l'on vient d'en découvrir au Canada. Ses variétés les plus connues sont la jadéite et la néphrite. Néphrite, car les Espagnols, qui l'appelaient la « pierre des reins », auraient remarqué que, réduite en poudre, elle soignait les coliques néphrétiques.

Les sages, quant à eux, lui prêtaient d' autres vertus : la bonté, car douce et onctueuse au toucher, la vertu discrète d'humanité car polie et brillante, la sûreté de l'intelligence vu son extrême dureté, la prudence et la réserve eu égard à ses veines fines et serrées. La tradition populaire lui attribue des vertus plus prosaïques : son contact permet la détente et la relaxation, portée sur la peau elle soulage les reins, cachée sous l'oreiller elle procure un sommeil bienfaisant

Un proverbe chinois ne dit-il pas :

« On peut estimer l'or, mais le jade est inestimable »